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VOYAGE SUR LE MISSISSIPI.

Niagara se franchissent au moyen d’écluses qui viennent d’être achevées.

En partant de Saint-Louis sur le steambaat, on remonte en trois jours à la Prairie du Chien, petit village où l’on trouve un détachement de troupes régulières, et un petit fort nommé fort Crawford. Dans le mois de juin dernier, ce village a été le théâtre d’engagemens assez sérieux entre les troupes des États-Unis commandées par le général Atkinson, et plusieurs tribus d’Indiens ayant à leur tête Black Hawk, le fameux Faucon noir. Le choléra fit d’abord quelques ravages parmi les combattans et surtout parmi les Indiens. Mais un jour que leur petite armée traversait le Mississipi, elle fut surprise par un steamboat qui remontait avec des troupes et du canon. Les Indiens perdirent beaucoup de monde dans cette rencontre, et peu de temps après ils essuyèrent une défaite complète. — Le fleuve est dans cet endroit parfaitement navigable, le courant n’est pas très fort, et l’eau est claire et limpide. Le pays qu’on traverse est varié de bois, d’immenses prairies, de savannes et de montagnes. À moitié chemin de Saint-Louis à la Prairie du Chien, on rencontre, sur la droite, en remontant, le village de Galena, principal entrepôt des mines de plomb des environs, qui sont très considérables et d’une richesse inconnue jusqu’à ce jour. Galena compte près de mille habitans et trois cents maisons.

Mon plus grand desir, en arrivant à Saint-Louis, était de faire la chasse aux bisons. On m’avait assuré que j’en trouverais très près de cette ville ; mais, comme cela arrive toujours en pareil cas, lorsque je fus sur les lieux, je n’en vis pas trace. Il y avait déjà cinquante ans que ces animaux avaient quitté les environs, et il faut aujourd’hui, pour en rencontrer, s’enfoncer à plus de six cents milles dans l’ouest, le long du Missouri ; ils s’éloignent toujours à mesure que la civilisation s’avance vers eux. Mais dans les immenses prairies qu’ils parcourent, on les trouve par milliers, et réunis en troupeaux. Les sauvages les chassent à cheval. Armés d’arcs et de flèches, ils se précipitent hardiment au milieu d’eux ; les bisons prennent la fuite, et se dispersent à travers la prairie ; alors le chasseur fait approcher son cheval de l’animal qu’il a choisi comme le plus gras, et lui décoche une flèche au-dessous de l’épaule. Il court aussitôt à un autre, sans s’occuper de celui qu’il vient de blesser, et