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statistique, publié à Buenos-Ayres en 1825, la portait à cette époque à douze millions, nombre presque double de celui qui existe en France, et égal à celui que possède la Grande-Bretagne, d’après les dernières statistiques ; mais depuis, cette quantité a dû diminuer beaucoup. Le relevé officiel des cuirs qui s’expédient à la douane de Buenos-Ayres ne peut être que d’un faible secours dans ce calcul, parce qu’il en passe une assez forte quantité en contrebande, et qu’il ne fait pas connaître la consommation, très considérable, qui a lieu dans le pays. Voici néanmoins le relevé des exportations de ces dernières années, d’après des renseignemens authentiques


1825. 1829. 1830. 1831.
Cuirs de bœuf 
650,000 820,000 645,000 680,000
Peaux de cheval 
80,000 112,000 68,000 72,000
Total 
730,000 932,000 713,000 752,000


La rade ayant été bloquée par l’escadre brésilienne pendant les années 1826, 1827 et 1828, l’exportation fut nulle ou à peu près, et ne doit pas figurer dans ce tableau. Il en résulta un accroissement pour celle de 1829, mais moins considérable qu’on ne pourrait le croire, attendu que des masses entières de cuirs furent détruites dans les magasins par l’humidité ou la polilla[1], et que les habitans suspendirent la mise à mort habituelle du bétail. J’ai omis aussi les autres produits, qui sont d’une importance tout-à-fait secondaire.

J’ai dit un mot, en commençant, du prix que valait un bœuf sous le règne de la métropole. Lorsque la révolution ouvrit la Plata au commerce de toutes les nations, ce prix haussa subitement, et ne cessa de s’élever pendant les premières années, à mesure que les importations devenaient plus considérables. Depuis 1825 jusqu’en 1829, il fut stationnaire ou sujet seulement à de légères variations, dépendantes de causes accidentelles ; mais la mortalité causée par la dernière sécheresse et les guerres civiles a occasionné une hausse nouvelle, qu’on peut évaluer à vingt pour cent.

Un troupeau assorti, c’est-à-dire mélangé d’animaux de tout âge, vaut actuellement 2 piastres 4 réaux (13 fr. 25) par tête ; un

  1. Polilla, vermine ; on appelle ainsi les insectes qui rongent les cuirs.