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REVUE DES DEUX MONDES;


IV.
À M. Sainte-Beuve.

Si vous entrez dans Naple un de ces beaux matins
Du mois de juin, laissant dans les marais Pontins
L’air épais et malsain, et cette crainte folle
Des brigands de montagne à la longue espingole,
Et ces pauvres soldats que la fièvre éprouva,
Aux yeux creux et minés par l’aria-cattiva,
Qui là, pendant l’été comme au fort de la bise,
Pâles, vont frissonnant sous leur capote grise ;
Si vous entrez à Naple, ainsi que je le dis,
Vous verrez devant vous s’ouvrir le paradis :
D’abord le golfe bleu, réfléchissant l’albâtre
De la cité bâtie en vaste amphithéâtre ;
Le Mont-Vésuve à gauche, à droite Nisida ;
À l’horizon Ischia, Caprée et Procida,
Îles qui cette nuit, à l’heure où tout sommeille,
Lasses de la chaleur et des jeux de la veille,
Dormaient en se couvrant de l’épais voile noir,
Tandis que la rosée et la brise du soir,
Sous l’œil froid de la lune et sa pâle lumière,
De leurs gris oliviers balayaient la poussière.