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terre, et de l’exécution fidèle des promesses de l’empereur, que Joseph revint à Madrid, où il recommença à défendre avec courage ses sujets espagnols contre les vexations des généraux français. Mais la désobéissance de ces derniers rendait souvent inutiles et ses efforts et sa bonne volonté. Ils étaient encouragés dans leur résistance par le gouvernement impérial, dont les ministres et les agens en Espagne voyaient avec peine l’autorité que l’empereur avait donnée au roi. Bientôt même ceux-ci annoncèrent hautement que le décret de réunion des provinces septentrionales de la péninsule, n’avait été qu’ajourné, et qu’il serait incessamment publié dans le Moniteur. Les avis que le roi recevait directement de Paris confirmaient cette malheureuse nouvelle.

Enfin, désespérant d’atteindre le but honorable, qu’il s’était proposé, de la pacification et de la prospérité de l’Espagne, tant que cette monarchie serait menacée d’un démembrement, il se décida à donner suite à son projet d’abdication, et il adressa à la reine Julie, sa femme, les lettres que nous allons reproduire, parce qu’elles font parfaitement connaître quels sentimens animaient le prince, dont on a trop souvent méconnu le caractère et calomnié la conduite.


À LA REINE JULIE.


Madrid, 23 mars 1812.


« Ma chère amie, tu remettras la lettre que je t’envoie pour l’empereur, si le décret de réunion a lieu et s’il est publié dans les gazettes.

« Dans tout autre cas, tu attendras ma réponse.

« Si le cas de la remise de ma lettre arrive, tu m’enverras par un courrier la réponse de l’empereur et les passeports.

« Je t’embrasse, ainsi que mes enfans.
« Joseph. »


À cette lettre était jointe une lettre pour l’empereur, où l’abdi-