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REVUE DES DEUX MONDES.

III.


À M. Édouard Bertin.




Deux anges du Seigneur, les ailes entr’ouvertes,
Abaissant jusqu’au sol leurs longues plumes vertes,
Marchaient, pour accomplir un céleste dessein,
À côté de Benoît montant le mont Cassin ;
Ils répétaient : Avant que le jour ne décline,
Tu trouveras la paix en haut de la colline.
Or, les moines venaient après le bienheureux,
Le suivant à la file, et se plaignant entr’eux
Que la route était longue, et que c’était folie
De quitter pour ce roc les plaines d’Italie ;
Par Jésus ! que c’était un travail surhumain,
Et qu’il fallait au moins s’arrêter en chemin,
Afin de secouer ainsi, par intervalles,
La poudre et le gravier qui souillaient leurs sandales.
Voilà ce qu’ils disaient, car ils ne voyaient pas
Les deux blancs messagers qui conduisaient leurs pas.
Mais le saint, l’œil au but, ferme dans la carrière,
Montait, montait toujours sans regarder derrière,
N’écoutant ni leurs voix, ni celle du torrent,
De rochers en rochers sous ses pieds murmurant.