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REVUE DES DEUX MONDES.

C’est vers un but analogue, quoique dans une autre sphère d’idées, que nous allons tendre dès ce moment. Nous allons nous efforcer de montrer comment cette liberté qui semble se jouer si capricieusement dans le domaine de l’histoire, n’y règne pourtant pas sans partage. Nous allons essayer de faire toucher du doigt et de l’œil les liens mystérieux par lesquels une main cachée l’enchaîne, jusque dans ses écarts les plus illimités, au joug de fer d’une inflexible nécessité.

Mais, avant tout, faisons en sorte de formuler d’abord d’une manière abstraite et générale la manière dont il nous est possible de concevoir l’union, la fusion de ces principes contraires au sein de la réalité historique.


SYNTHÈSE DE LA NÉCESSITÉ ET DE LA LIBERTÉ DANS L’HISTOIRE.


Les faits, les évènemens, dont l’ensemble constitue l’histoire, naissent et se succèdent d’après une loi générale, nécessaire, irréfragable.

Cette loi générale et nécessaire est aussi ce que nous appelons la philosophie de l’histoire.

Mais cette loi peut être conçue de façons diverses : elle peut être envisagée de points de vue différens. — On conçoit, en effet, que l’opinion que nous adoptons à son sujet ne saurait être indépendante des autres opinions que nous nous sommes faites sur les origines de l’humanité, sur la mission terrestre de l’homme, sur l’avenir qui l’attend après son pélerinage terrestre.

De là la diversité de systèmes en fait de philosophie de l’histoire.

De là aussi l’obligation pour nous d’interroger M. de Schelling sur quelques-uns de ces points, si nous voulons nous rendre compte du système de philosophie de l’histoire qui lui est propre.

Nous nous bornerons, toutefois, à un petit nombre de questions, nous n’insisterons que sur un seul point, et voici à peu près, ce nous semble, la réponse qui pourrait nous être faite.

La notion du droit se trouve gravée dans les mystérieuses profondeurs de l’essence humaine par une main qui nous demeure inconnue.