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ANDRÉ DEL SARTO.
DAMIEN.

Oui, c’est à toi de te régler là-dessus.

CORDIANI.

En ce cas, laisse-moi seul. (Il va se rasseoir.)

Lionel et Césario, passant.
LIONEL.

Conçoit-on rien à cela ? Nous renvoyer, ne rien vouloir entendre, laisser sans vengeance un coup pareil ! Ce pauvre vieillard qui le sert depuis son enfance, que j’ai vu le bercer sur ses genoux ! Ah ! mort Dieu ! si c’était moi, il y aurait eu d’autre sang de versé que celui-là.

DAMIEN.

Ce n’est pourtant pas un homme comme André qu’on peut accuser de lâcheté.

LIONEL.

Lâcheté ou faiblesse, qu’importe le nom ? quand j’étais jeune, cela ne se passait pas ainsi. Il n’était certes pas bien difficile de trouver l’assassin ; et si l’on ne veut pas se compromettre soi-même, par mon patron, on a des amis.

CÉSARIO.

Quant à moi, je quitte la maison ; je suis venu ce matin à l’académie pour la dernière fois : y viendra qui voudra, je vais chez Pontormo.

LIONEL.

Mauvais cœur que tu es ! pour tout l’or du monde je ne voudrais pas changer de maître.

CÉSARIO.

Bah ! je ne suis pas le seul ; l’atelier est d’une tristesse !… Julietta n’y veut plus poser. Et comme on rit chez Pontormo ! toute la journée on fait des armes, on boit, on danse. Adieu, Lionel, au revoir.

DAMIEN.

Dans quel temps vivons-nous ? Ah ! monsieur, notre pauvre ami est bien à plaindre. Soupez-vous avec nous ? (Ils sortent.)

CORDIANI, seul

N’est-ce pas André que j’aperçois là-bas entre ces arbres ? Il cherche ; le voilà qui approche. Holà, André ! par ici.

ANDRÉ, entrant.

Sommes-nous seuls ?

CORDIANI.

Seuls.