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faire bonne chère. Vous êtes l’objet des mêmes attentions qu’un étranger rencontre partout. On a soin de vous offrir ce qu’on suppose devoir vous plaire le mieux, mais sans y joindre aucune instance pour vous faire manger plus que vous n’en avez envie. Si l’on sert du vin, on vous laisse en pleine liberté d’en faire usage ou non. À peine parle-t-on du dîner ou de la qualité des vins sans jamais vous provoquer à boire, en vous apprenant leur âge ou la récolte à laquelle ils appartiennent. Je suis loin de mettre en doute la sincérité de l’hospitalité des Américains, ainsi que l’ont fait quelques voyageurs, bien que les choses en pareil cas ne se passent pas tout-à-fait comme parmi nous ; je suis au contraire persuadé qu’ils font rarement une invitation, lorsqu’ils n’éprouvent pas un désir réel qu’elle soit acceptée. »

Ailleurs, M. James Stuart justifie les Américaines des accusations dont elles ont été récemment l’objet. « À une petite distance de Louisville, sur la route de Shipping-Port, on voit deux ou trois maisons évidemment occupées par des femmes de vie suspecte, qui ont coutume de se faire voir sur leurs portes. Cela est un scandale qu’il faut certainement faire disparaître, aussi bien que l’abomination encore plus flagrante du même genre qui existe aux Natchez ; mais il serait révoltant de ne pas ajouter qu’à part ces deux exceptions, je n’ai vu aucun exemple d’impudeur féminine dans les rues de n’importe quelle ville ou village des États-Unis. Il est probable que la jeune femme mariée qu’un écrivain récent (mistress Troloppe) nous représente comme vivant près d’une maison équivoque et épiant les individus qui y entraient pour leur faire honte de leur conduite, demeurait près de ces maisons des environs de Louisville ; car, ainsi que je l’ai observé, les lieux de cette nature ne se trouvent jamais que hors de l’enceinte des villes. Cette histoire est rapportée par l’écrivain en question pour amener une insinuation qui équivaut à peu près à ceci : que les Américaines ne possèdent pas les sentimens de délicatesse auxquels elles ont des prétentions. Une pareille anecdote était certainement moins propre à être mise sous les yeux du public que sous ceux de la personne à laquelle elle a été communiquée. L’absence de délicatesse est donc plus imputable à celle qui l’a publiée qu’à l’ami qui l’a racontée dans les épanchemens de l’intimité. Mais que prouve d’ailleurs un fait isolé de ce genre comparé à ce que le même écrivain répète en cent endroits, à savoir que les Américaines consacrent trop de temps aux soins de leurs familles, et aux devoirs domestiques, comparé surtout à ces exemples de pruderie outrée qu’elle raconte ? »

Je pourrais multiplier beaucoup ces extraits, sur d’autres questions tout aussi importantes. Un dernier passage, qui renferme l’opinion de M. Ja-