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HISTOIRE DES ANCIENS PEUPLES ITALIENS.

d’un demi-siècle dans l’entretien de ces digues, suffirait pour transformer de nouveau la Lombardie presque entière en un vaste et stérile marais. Il est donc certain que la population dut être d’abord confinée dans les montagnes, et qu’elle ne put même étendre ces conquêtes sur un sol tel que celui que nous venons de décrire, avant d’avoir atteint, avec la connaissance et la pratique des arts, un degré de civilisation assez avancé.

Mais quelle était cette population ? D’où tirait-elle son origine ? À quelle race plus ancienne appartenait-elle ? Loin de prétendre résoudre ces questions, M. Micali les juge insolubles, au moins dans l’état actuel de la science, et conséquemment déclare qu’il ne s’en occupera point. Le premier fait pour lui est l’existence de peuplades indigènes en ce sens que leur séjour en Italie est de beaucoup antérieur aux monumens de l’histoire, qu’on ignore entièrement d’où elles y étaient venues, par quelle route, et de quelles nations elles s’étaient détachées. Ces aborigènes, comme les appelaient les Romains, possédaient le pays qui s’étend du pied des Alpes jusqu’à l’extrémité de la péninsule. Issus d’une souche commune, ils parlaient tous, suivant M. Micali, une langue radicalement la même, avaient la même religion, les mêmes mœurs, les mêmes lois, les mêmes institutions fondamentales, bien que portant des noms divers, et séparés en un grand nombre de sociétés particulières. Dans la suite des temps, il s’établit, sans parler des îles adjacentes successivement envahies par divers peuples navigateurs, il s’établit, disons-nous, sur les côtes de l’Italie inférieure, des colonies crétoises, chalcidiennes, achéennes et doriques, dont l’ensemble formait ce qu’on nomma depuis la grande Grèce. Mais, quelle qu’ait pu être d’ailleurs leur action civilisatrice sur les populations voisines indigènes, les deux races demeurèrent profondément distinctes et ne se mêlèrent jamais.

D’autres invasions troublèrent, à différentes époques, le repos des habitans de l’Italie supérieure. Les Liburniens, de race illyrique, les Liguriens, les Énètes ou Vénètes et d’autres nations parties des bords opposés de l’Adriatique, refoulèrent, à plusieurs reprises, les populations primitives vers l’Italie centrale, comme des ondes qui se poussent mutuellement. Les Pélages ou Pélagues y pénétrèrent avec les tribus fugitives : mais leur séjour n’y fut pas