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que, qui continue de rester l’un des plus obscurs mystères de la science.

Dans un troisième volume, M. Micali donne l’explication des planches extrêmement curieuses et d’une grande beauté d’exécution, qu’il a jointes à son ouvrage. Elles contiennent un grand nombre de monumens inédits, également utiles à l’histoire des croyances religieuses des Étrusques, et à celle de l’art parmi eux. Ce magnifique recueil, qui a exigé d’immenses travaux et des dépenses énormes, ferait honneur à un souverain. Aucun sacrifice n’a coûté à M. Micali, pour ajouter une palme de plus à la gloire de son pays. Il a élevé un monument véritablement national. Comme savant et comme écrivain, il s’est placé, dans l’Histoire des anciens peuples d’Italie, au niveau des premières renommées modernes. En plusieurs endroits de son livre, on croirait entendre Tacite parlant la langue de Machiavel. Comme citoyen, et ce but justifie ce qu’il y a peut-être de hasardé dans quelques unes de ses hypothèses, il montre à ses compatriotes, dès les plus anciens âges, la cause de leurs malheurs dans leurs perpétuelles divisions, en même temps qu’il leur présente un touchant motif d’union dans une origine commune. Chacune de ses pages manifeste l’homme de bien dans le savant illustre ; et, après ce dernier travail qui couronne si dignement sa belle carrière, il peut dire avec confiance : Sat patriæ Priamoque datum. Cette patrie elle-même, que ses talens honorent, confirmera unanimement ce témoignage de sa conscience.

Il nous a été doux de rendre ce faible hommage à l’un des enfans de cette terre que nous chérissons, de cette terre féconde en tout genre de grandeurs, où rien ne saurait étouffer ni la science, ni les arts, ni le génie. Parce qu’on l’a enveloppée comme de bandelettes funèbres, on entend dire : l’Italie ne vit plus ; elle est morte. Non, une nation qui a produit simultanément Micali, Manzoni, Pellico, n’est pas une nation morte. La puissante vie qu’on refoule en son sein, y fermente en secret, et quand viendra l’heure marquée par la Providence, quand le géant qui sommeille dans le tombeau qu’on lui a fait, se réveillera, le monde poussera un cri d’étonnement à la vue des merveilles qui frapperont ses regards. À présent, il est vrai, en voyant ce peuple