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QUITTE POUR LA PEUR.

telle… les bluets qu’Estelle aimait à mêler dans les longues tresses de ses cheveux noirs. » (Elle pose le livre.)

LA DUCHESSE.

Qu’il est capricieux le chevalier ! Il ne veut plus que je mette de corps en fer, comme si l’on pouvait sortir sans cela. Lis toujours, va.

ROSETTE (continue, et après avoir quitté Florian, prend Bossuet sans s’en douter).

« Pour moi, s’il m’est permis après tous les autres de venir rendre les derniers devoirs à ce tombeau, ô prince, le digne sujet de nos louanges et de nos regrets, vous vivrez éternellement dans ma mémoire. »

LA DUCHESSE.

Je ne conçois pas qu’il ne soit pas encore arrivé. Comme il était bien hier avec ses épaulettes de diamant !

ROSETTE (continue).

« Heureux, si averti par ces cheveux blancs du compte que je dois rendre de mon administration, je réserve au troupeau……… (Tiens, c’est drôle ça : Au troupeau !) Troupeau que je dois nourrir de la parole divine, les restes d’une voix qui tombe, et… »

LA DUCHESSE.

Le voilà commandeur de Malte à présent. Sans ses vœux, il se serait peut-être marié, cependant.

LA ROSETTE.

Oh ! madame ! par exemple !…

LA DUCHESSE.

Lis toujours, va, je t’entends.

ROSETTE (continue).

… « Et d’une ardeur qui s’éteint… » Ah ! les bergers et les troupeaux, ce n’est pas bien amusant… (Elle jette les livres.)

LA DUCHESSE.

Crois-tu qu’il se fût marié ? — Dis.

LA ROSETTE.

Jamais sans la permission de madame la duchesse.

LA DUCHESSE.

S’il n’avait pas dû être plus marié que M. le duc, j’aurais bien pu la lui donner… Hélas ! dans quel temps vivons-nous ? — Comprends-tu