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Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 2.djvu/558

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REVUE DES DEUX MONDES.

LA DUCHESSE.

En es-tu bien sûre, Rosette ? à minuit !

(Rosette regarde à la fenêtre.)
ROSETTE.

C’est bien à la porte de madame la duchesse, un carrosse avec deux laquais qui portent des torches, c’est la livrée de madame.

LA DUCHESSE.

Eh ! bon Dieu ! serait-il arrivé quelque événement chez ma mère ? Je suis dans un effroi !

ROSETTE.

J’entends marcher ! on monte chez madame la duchesse.

LA DUCHESSE.

Mais qu’est-ce donc ? (On frappe.)

Demande avant d’ouvrir.

ROSETTE.

Qui est là ?

UN LAQUAIS.

M. le duc arrive de Versailles !

ROSETTE.

M. le duc arrive de Versailles !

LA DUCHESSE (tombant sur un sopha).

M. le duc ! depuis deux ans ! lui ! depuis deux ans ! jamais ! et aujourd’hui ! à cette heure ! Ah ! que vient-il faire, Rosette ? Il vient me tuer ! cela est certain ! — Embrasse-moi, mon enfant, et prends ce collier, tiens, et ce bracelet ; tiens, en souvenir de moi.

ROSETTE.

Je ne veux pas de tout cela ! Je ne quitterai point madame la duchesse !

(On frappe encore.)

Eh bien ! quoi ! madame la duchesse est au lit.

LE LAQUAIS (toujours derrière la porte).

Monsieur le duc demande si madame la duchesse peut le recevoir.

LA DUCHESSE (du canapé, vite).

Non !