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MÉLANGES.

de mortier assez solide, muraille qui peut être isolée entièrement de la masse qui l’entoure.

La partie intérieure de cet ouvrage de maçonnerie semble avoir été construite avec un mortier plus fin que la partie extérieure ; elle est unie à la surface comme si elle eût été passée à la truelle, et revêtue en outre d’une double tapisserie dont la plus grossière est appliquée immédiatement sur la muraille, tandis que celle qui forme la tenture véritable de cet appartement est fine et a l’aspect d’un papier satiné.

Il ne suffit pas à notre pionnière d’être logée chaudement et commodément, il lui faut, pour jouir de ce comfort, être exempte d’inquiétudes et en sûreté contre les ennemis du dehors. Pour remplir ce but, notre mygale fait comme la maçonne une porte à sa maison. Cette porte, dont Rossi a donné une description que complètent aujourd’hui les nouvelles observations de M. Audouin, est de tout l’édifice la partie qui mérite le plus de fixer l’attention. Sa forme générale est celle que nos constructeurs d’instrumens donnent aux soupapes noyées, quand ils veulent qu’elles ferment bien hermétiquement. C’est un disque plus large en haut qu’en bas, une rondelle conique dont les bords sont reçus dans une échancrure de forme appropriée, dans une feuillure, comme disent les menuisiers pour les portes de nos maisons. Au-dedans, la porte de notre mygale est ornée comme il convient pour ne pas faire disparate avec le reste de l’appartement ; au-dehors, au contraire, elle ne montre qu’une surface raboteuse formée par une terre grossière qui se confond avec celle du terrein environnant ; cette apparence plus que modeste a pour résultat de ne point appeler l’attention des êtres qui pourraient être mal intentionnés pour le propriétaire du logis.

Si de l’extérieur de la porte nous passons à considérer sa structure intime, nous y trouvons une complication qu’on était loin de soupçonner. En effet, quoiqu’elle ne soit guère épaisse que de trois lignes, elle résulte de la superposition de plus de trente couches de terre séparées les unes des autres par autant de couches de toile. Toutes ces assises successives s’emboîtent les unes dans les autres à la manière des poids de cuivre en usage pour nos petites balances.

En examinant les couches de toile, on remarque qu’elles se terminent au pourtour de la porte, excepté dans une petite étendue de