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ANDRÉ DEL SARTO.
ANDRÉ.

C’est un cordial puissant. Approche-le de tes lèvres, et tu seras guéri, quel que soit le mal dont tu souffres.

(Il meurt.)


Scène III.


Bois et montagnes.


LUCRÈCE ET CORDIANI, sur une colline, les chevaux dans le fond.


CORDIANI.

Allons ! le soleil baisse ; il est temps de remonter.

LUCRÈCE.

Comme mon cheval s’est cabré en quittant la ville ! en vérité, tous ces pressentimens funestes sont singuliers.

CORDIANI.

Je ne veux avoir ni le temps de penser, ni le temps de souffrir. Je porte un double appareil sur ma double plaie. Marchons, marchons ! n’attendons pas la nuit.

LUCRÈCE.

Quel est ce cavalier qui accourt à toute bride ? depuis long-temps je le vois derrière nous.

CORDIANI.

Montons à cheval, Lucrèce, et ne retournons pas la tête.

LUCRÈCE.

Il approche ! il descend à moi.

CORDIANI.

Partons ! lève-toi, et ne l’écoute pas. (Ils se dirigent vers leurs chevaux.)

MATHURIN, descendant de cheval.

Pourquoi fuyez-vous si vite ? la veuve d’André del Sarto peut épouser Cordiani.


Alfred de Musset.