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ÉCONOMIE POLITIQUE.

les plus générales des progressions croissantes sur toutes les sortes de revenus.

Or, qu’on y prenne garde, les rigueurs de la législation resteraient impuissantes contre tant d’abus et de maux inhérens à ce nouveau régime. Sous l’empire absolu de la Convention, les plus terribles châtimens ne manquaient pas pour arrêter les spéculations sur les assignats, les accaparemens et l’agiotage, qui s’étendaient avec une rapidité effrayante sur les objets de première nécessité. Cependant les capitaux accouraient vers ces désastreuses industries, avec le même acharnement qu’on mettait à les en détourner. La raison en est bien simple. Toute violence sur l’emploi des capitaux a pour effet inévitable d’élever la différence des prix imposés par le gouvernement, avec les prix naturels qui s’établiraient par de libres transactions, et par conséquent d’accroître la cupidité de ceux qui se décident à spéculer sur cette différence. La multiplicité même des peines imaginées contre les accapareurs, agioteurs, usuriers ou contrebandiers, augmente les profits qu’ils peuvent obtenir en compensation de leurs périls. À cet égard, les lois rigoureuses agissent de la même manière que les difficultés des communications nécessaires aux échanges. On accapare et on agiote beaucoup dans les pays qui n’ont pas de chemins continuellement praticables, parce que des variations excessives dans les prix de la plupart des denrées assurent de larges bénéfices au jeu des spéculateurs.


Du morcellement des terres, des fabriques et du commerce.


Depuis long-temps on dispute sur les avantages ou les inconvéniens de la division du sol. La révolution de 89 a prouvé combien cette division était favorable au développement de la richesse nationale. Quoique les agronomes aient vanté d’utiles perfectionnemens que l’on doit à la grande propriété réduite aux conditions du droit commun, de tels services sont bien surpassés par le surcroît de travail et d’industrie d’un plus grand nombre de propriétaires. Mais la division du sol cesserait d’être un bien pour le pays où des contributions progressives fractionneraient violemment les patrimoines. Tous les inconvéniens que François de Neufchâteau at-