On a démontré l’inutilité onéreuse des caisses d’amortissement ; on a été plus loin en soutenant, sans trop y réfléchir, la légitimité et les avantages d’un impôt proportionnel sur les rentes des fonds publics, mais les soumettre à l’impôt progressif serait anéantir évidemment le crédit national.
On réclame avec raison des facilités pour diriger le crédit, au moyen de banques spéciales et d’autres établissemens, soit vers l’agriculture, soit vers l’industrie nécessiteuse. N’est-ce pas une contradiction que de vouloir y appliquer aussi l’impôt progressif, qui en détournerait entièrement les capitaux ?
M. Jollivet a fait voir qu’un essai de ce genre, entrepris en vertu des progressions créées par la loi du 1er thermidor an vii, réduisait, en plusieurs cas, les traitemens des employés supérieurs au-dessous de ce qui restait à leurs subordonnés. D’après les données de cette loi, on calcula que le trésor aurait obtenu une économie de 3 à 4 millions, en élevant de 100 fr. chacun les traitemens de 2,000, 3,000, 4,000 fr. Les plaisans de l’an vii appelaient cette opération, une prodigalité économique. Depuis cette époque, l’art des prodigalités économiques et des économies ruineuses s’est perfectionné.
Jusqu’ici nous n’avons examiné que les progressions croissantes dans le but de procurer sur les riches un produit supérieur à celui de l’impôt proportionnel.
Il nous reste à parler des progressions lentes et irrégulières dont le produit présumé serait inférieur au revenu public actuellement perçu. Celles-là provoqueraient presque autant de fraudes que si elles étaient plus rapides, car pour être lentement graduées, elles