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Finissons-en avec le fatras politique de la quinzaine, en enregistrant à la hâte la levée de boucliers de lord Wellington et de ses nobles amis contre le ministère de lord Grey ; le départ douteux des Russes qui protégeaient Constantinople ; les inutiles tentatives des mécontens de la Sardaigne ; la grande conspiration découverte par le roi de Naples, bien horrible à en juger par l’effroi de sa gazette officielle ; le siège de Porto, qui finira par ressembler au siège de Troie, pour peu que cela continue, etc., etc.

M. Thiers vient d’entrer à l’académie française, à l’aide d’une majorité qui, probablement, eût été une minorité, si tous les membres se fussent trouvés présens à leur poste. M. Thiers s’est comporté lestement envers ses futurs confrères : croyant sans doute que, chez lui, le ministre dispensait l’aspirant académicien des politesses d’usage en pareil cas, il s’est abstenu de toute visite, laissant à ses amis le soin de signifier à l’académie l’honneur qu’il voulait bien lui faire ; cela lui a parfaitement réussi. Dans un dîner qu’il donnait à cette occasion, l’avant-veille de l’élection, M. le président de la chambre des députés, parodiant une formule célèbre de son invention, a dit : Je voterai pour M. Thiers, quoique ministre. N’était-ce pas plutôt l’inverse qu’il fallait dire, monsieur Dupin ? Car enfin de fâcheux soupçons ont plané à ce sujet sur certains membres de l’académie ; on a parlé de faveurs accordées, de pensions, de servilisme ; que savons-nous encore ? Que M. Thiers profite de sa haute position pour entrer en grand seigneur dans l’enceinte académique, cela lui va bien ; cela est parfaitement d’accord avec l’aplomb qu’il a toujours montré. Il n’est pas homme à s’effrayer d’un peu de scandale ; mais l’académie, à qui personne ne songeait, l’académie que les mauvais plaisans laissaient enfin en repos, pourquoi faire parler d’elle ?

M. Nodier, du reste, a pu se consoler de sa légère mésaventure ; les témoignages de sympathie ne lui ont pas manqué dans cette circonstance. Son immortalité, nous l’espérons, en sera simplement retardée ; et, tôt ou tard justice lui sera rendue, si toutefois il veut encore à toute force être de l’académie.


La régénération du théâtre français, dont nous avons parlé maintes fois d’un air passablement incrédule, est chose à peu près terminée. On lui a donné un directeur, du temps pour payer son loyer, une part fort honnête dans le budget des beaux-arts ; sa salle sera peinte à neuf et ses décorations sans doute aussi ; en un mot, rien ne lui manquera désormais que de bonnes pièces nouvelles, de jeunes acteurs et un public. On voit que cette prétendue régénération est parfaitement semblable à celles qui ont