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DE LA MUSIQUE EN ANGLETERRE.

sique, semblait ne pouvoir exister en Angleterre, lorsque plusieurs amateurs, plus zélés et plus éclairés que les autres, sentirent la nécessité d’établir une école de musique, dont ils jetèrent les fondemens de la même manière que tout se fait dans leur pays, c’est-à dire au moyen d’une souscription. Bien qu’une pareille existence soit précaire, ou du moins paraisse telle, il est certain que la généreuse intention de ces vrais amateurs a déjà porté des fruits. Il fallait beaucoup de persévérance pour vaincre les préjugés qui s’élevaient contre cette nouveauté ; mais la persévérance est précisément une des qualités les plus saillantes du caractère anglais : tous les obstacles furent écartés, et la nouvelle école prit de la consistance. Elle existe encore aujourd’hui sous le nom de Royal academy of music. Elle est placée sous le patronage immédiat du roi ; ce qui signifie seulement que le roi l’a prise sous sa protection, sans lui accorder aucun secours.

Lord Burghersh, le comte de Clarendon, le comte de Fife, lord Saltoun, sir Georges Warrender, sir Gore Ouseley, le major-général sir A.-F. Barnard, sir Georges Clerk, et quelques autres amateurs distingués, composent le comité d’administration de l’Académie royale de musique qu’ils ont fondée, et transmettent leurs décisions à M. F. Hamilton, surintendant, qui les fait exécuter. Tout ce qui concerne les études musicales est sous la direction du docteur Crotch, qui est considéré comme un des plus savans musiciens anglais.

L’instruction n’est pas gratuite dans l’Académie royale de musique ; les dépenses considérables que nécessite un pareil établissement, et l’absence de tout secours du gouvernement, n’ont pas permis aux fondateurs de cette école, de la rendre, sous ce rapport, aussi utile qu’elle pourrait l’être, si tous les enfans bien organisés y étaient admis, quel que fût l’état de leur fortune. Il faut jouir d’une certaine aisance pour être compté au nombre des élèves de l’Académie royale de musique. Ces élèves sont divisés en pensionnaires et externes. La première classe se compose de vingt-quatre garçons et douze jeunes filles. Chacun de ces élèves paie dix guinées pour le droit d’entrée et cinquante livres sterling de pension annuelle. Ils sont nourris et logés dans l’établissement, et reçoivent une instruction complète dans la partie de la musique