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DE LA MUSIQUE EN ANGLETERRE.

tais fort curieux d’entendre la musique de Purcell, que les Anglais citent avec orgueil comme un musicien digne d’être placé au même rang que les plus célèbres compositeurs de l’Allemagne et de l’Italie. Quant aux musiciens français, ils n’en parlent pas, parce qu’ils ne croient pas qu’il y en ait un seul qu’on puisse mettre en parallèle avec leur géant de musique, comme ils l’appellent. Il y a sans doute de l’exagération dans l’opinion des Anglais à l’égard du mérite de Purcell ; cependant, on est forcé d’avouer que, malgré certains défauts de facture, les ouvrages de ce musicien révèlent un génie original et indépendant.

L’antienne de Boyce ne jouit pas d’une réputation brillante ; cependant elle décèle du savoir et de la facilité. Quant à l’antienne du couronnement, de Handel, elle est, comme tout ce qui est sorti de la plume de ce grand artiste, empreinte du caractère de grandeur qui est le signe d’un génie élevé. Il est une autre composition dont j’aurais dû parler d’abord, car ce fut la première qu’on exécuta. Ce morceau est l’antienne à grand orchestre que M. Attwood a composée pour le couronnement du roi Georges iv. C’est une composition excellente qui fait voir que l’Angleterre pourra produire de bons compositeurs, lorsque les circonstances et les institutions seront favorables au développement de leurs facultés.

À l’égard de l’exécution, je ne puis ni beaucoup louer ni beaucoup blâmer ce que j’entendis dans cette cérémonie ; les violons sont toujours faibles dans les orchestres anglais, et les basses ordinairement bonnes ; les instrumens à vent sont mêlés de bien et de mal. Les voix n’étaient pas assez nombreuses, pour une église aussi vaste que Saint-Paul ; toutefois, je dois avouer que j’ai trouvé, dans la tradition d’exécution de l’Alleluia de Handel, une grande supériorité sur la manière de rendre ce morceau célèbre à Paris. Le mouvement est beaucoup plus large, et le silence qui suit toutes les répétitions du mot alleluia produit un effet extraordinaire dont ne se doutent guère ceux qui dénigraient ce morceau sublime, après l’avoir entendu défigurer à l’un des concert du Conservatoire.

Les messes solennelles sans credo en langue vulgaire, telles qu’elles sont en usage dans quelques églises de l’Allemagne, ne sont point