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DE LA MUSIQUE EN ANGLETERRE.

gent ; après lui, dit-on, un autre se présentera, et les choses continueront d’aller sur ce pied.

Il ne faut pas conclure, de ce que je viens de dire, que les théâtres soient absolument libres en Angleterre ; on ne peut en établir qu’en vertu d’une licence que délivre le lord chambellan, moyennant un droit modique, et le nombre de ces licences est limité par la volonté du roi. Lorsque Georges iv n’était encore que prince régent, il promit aux entrepreneurs de Drury-Lane et de Covent-Garden qu’aucun autre théâtre musical anglais ne serait établi pendant la durée de leur privilége ; il fut fidèle à sa parole, et tous les efforts de quelques amateurs zélés et puissans, pour avoir un véritable opéra national, échouèrent contre cet obstacle. Le successeur de Georges iv paraît vouloir accomplir la promesse de son frère ; or, les priviléges de Covent-Garden et de Drury-Lane ne devant finir que dans dix ans, il est douteux qu’aucun autre théâtre soit établi avant que ce terme ne soit arrivé.

Le nombre des théâtres de Londres est à peu près égal à celui des théâtres de Paris. Les quatre principaux, sous le rapport de la musique, sont l’Opéra italien, qu’on appelle communément King’s theatre (théâtre du roi), Drury-Lane, Covent-Garden et The english Opera (l’Opéra anglais). La haute société ne fréquente que l’Opéra italien : diverses causes, que je développerai plus tard, influent sur cette préférence exclusive ; je me bornerai maintenant à examiner la situation du théâtre privilégié.

L’ancien théâtre de l’Opéra, qui était autrefois dans Haymarket, fut brûlé en 1789. M. Taylor, qui en était le propriétaire, le reconstruisit à ses frais, moyennant d’assez grands avantages qui lui furent accordés, et l’administration de cette entreprise fut confiée à M. Waters. Une suite de procès et de discussions, qui eurent lieu entre le directeur et M. Taylor, se termina par la ruine du premier. M. Taylor prit sa place, et ne fut ni plus heureux ni plus adroit. Après avoir usé de toutes les ressources que put lui fournir son imagination, pour fournir aux dépenses toujours croissantes de son théâtre, il finit par le quitter en état de banqueroute. En 1814, Waters rentra dans la direction de l’Opéra, sous la responsabilité du banquier Chambers. Cette nouvelle entreprise finit en 1820, comme toutes celles qui l’avaient précédée, par la ruine