Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 3.djvu/162

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
156
REVUE DES DEUX MONDES.

de tous deux. L’année suivante, le libraire Ebers se chargea de l’entreprise de ce malencontreux spectacle ; il la garda pendant sept ans, et le résultat de son administration fut une perte de 50,000 livres sterling.

Tant de naufrages semblaient devoir effrayer quiconque aurait la fantaisie de spéculer sur l’entreprise de l’Opéra italien : néanmoins, M. Laporte, homme intelligent et bien instruit de tout ce qui concerne l’administration des théâtres, a osé affronter les périls d’une affaire si chanceuse, et malgré les frais énormes qui pesaient sur lui, il trouva d’abord le secret d’en tirer des bénéfices. Ces charges, y compris la location de la salle, qui est de quatorze ou quinze mille livres sterling pour six mois, s’élèvent à près de 45,000 livres sterling (environ 1125 mille francs). Le revenu ordinaire en souscriptions pour la location des loges, est de 35 à 36 mille livres sterling. Il faut que la recette éventuelle, ou de la porte, s’élève à plus de 250,000 francs, pour atteindre le chiffre de la dépense, ce qui paraît difficile, n’y ayant que cinquante représentations dans la saison. M. Laporte n’a été d’abord plus heureux ou plus habile que ses prédécesseurs, qu’en stipulant pour lui une certaine part dans les représentations qu’il accordait au bénéfice de ses acteurs. Fatiguées de voir un entrepreneur qui ne se ruinait pas, certaines personnes influentes ont fait ôter à M. Laporte la direction du théâtre, et lui ont donné pour successeur un Irlandais nommé M. Mac Mason, qui, l’année dernière, a dirigé les choses d’une façon toute différente. L’énormité des dépenses est le mal radical du théâtre du roi ; M. Mason y ajouta celui d’un opéra allemand et d’un opéra français, fit aux chanteurs des engagemens aux prix les plus élevés, ne les paya pas, et put à peine atteindre la fin de la saison pour déclarer sa faillite. Cette année, il a fallu avoir recours de nouveau à M. Laporte ; mais les folies de M. Mason ont rendu le public plus exigeant sans augmenter les recettes, et la position est devenue plus difficile pour l’homme intelligent qui avait su, le premier, donner à l’Angleterre l’exemple d’un entrepreneur qui faisait ses affaires. Il y a lieu de craindre que des pertes considérables ne soient le résultat de son administration pendant le cours de l’année présente.

Pour comprendre la situation d’un entrepreneur du théâtre ita-