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où tous les grands chanteurs de l’Italie brillèrent sur les théâtres de Londres, je citerai seulement les musiciens célèbres qui ont vécu parmi les Anglais depuis environ cinquante ans, c’est-à-dire depuis le temps où Clémenti s’établit en Angleterre. Dussek, Cramer, Steibelt, Woelf, Kalkbrenner, Ries, Viotti, Winter et beaucoup d’autres ont vécu long-temps dans ce pays, et y ont fait entendre tous les genres de perfections, sans qu’il en soit résulté la moindre amélioration dans le goût national. Cette éducation, tant de fois commencée, ressemble au travail de Pénélope, qui ne doit jamais arriver à sa fin. On peut instruire ceux qui ont la volonté de savoir ; mais que faire avec ceux qui n’écoutent pas ?

Une cause particulière peut d’ailleurs empêcher tout progrès de la musique en Angleterre, la voici. Autrefois, l’appât d’un gain considérable conduisait les grands artistes dans ce pays, et pouvait seul les indemniser des désagrémens de leur séjour chez un peuple si peu capable d’apprécier le mérite ; mais ce peuple, naguère prodigue de son or, en est maintenant avare. Si cela continue, il est vraisemblable que les Anglais seront abandonnés à eux-mêmes, et que les étrangers ne consentiront plus à affronter les brouillards du pays et le mauvais goût de ses habitans.


Fétis.