Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 3.djvu/211

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
205
POÈTES ET ROMANCIERS ANGLAIS.

d’épuiser la liste des travaux du poète écossais, et le récit de sa biographie, avant d’entamer l’analyse et la critique de cette trilogie morale.

En 1776, Mackenzie épousa miss Penuel Grant, fille de sir Ludovick Grant, baronnet, et de lady Margaret Ogilvy ; il a eu de ce mariage une nombreuse famille.

En 1778, il se forma une société littéraire à Édimbourg. À chacune de leurs réunions, les membres de cette société lisaient quelques essais dans le goût et la manière du Spectateur. Mackenzie ayant été admis parmi eux s’empressa de faire lui-même des lectures intéressantes et décida la publication du Mirror et du Lounger, dont il fut à la fois l’éditeur et le rédacteur principal.

Lors de l’institution de la société royale d’Édimbourg, Mackenzie fut élu des premiers, et il enrichit plusieurs volumes des Transactions de communications précieuses, et entre autres d’une biographie élégante et ingénieuse de son ami Abercromby, et d’un essai sur la tragédie allemande. — Il fut l’un des fondateurs de la société des hautes-terres (highland-society), ce fut lui qui publia les Transactions de cette société, et il mit en tête de ce volume un morceau remarquable sur la poésie gaélique.

En 1793, il écrivit la biographie du docteur Blacklock, à la prière de sa veuve, pour une édition complète des œuvres de ce poète. Son intime familiarité avec Blacklock lui avait révélé les habitudes de sa vie, la tournure de son esprit et les sentimens singuliers développés chez le poète par la cécité. Aussi cette biographie est-elle plus curieuse encore par la délicatesse psychologique de l’analyse, que par le récit clair et rapide des anecdotes. C’est, dans ce genre de littérature, un modèle achevé.

En 1812, il lut à la Société royale d’Édimbourg une biographie de John Home, où il a raconté avec une grâce et un charme inimitables la vie et les mœurs littéraires de la seconde moitié du dix-huitième siècle. Ce sujet qui, par lui-même, et traité par une autre main, n’aurait offert qu’un intérêt secondaire, est devenu sous la plume de Mackenzie une histoire vivante, animée, assaisonnée de piquans détails, de tableaux familiers, de révélations personnelles ; on voit qu’il a pris plaisir à raconter minutieusement les souvenirs de sa jeunesse. Et cependant, malgré l’entraînement, bien naturel