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IMPRESSIONS DE VOYAGES.

surlendemain personne ne pensait plus au choléra. Les médecins seuls soutinrent qu’il était mort de l’épidémie régnante.

Le jour suivant, je me dispensai de la partie de bain. J’avais peu de jours à passer à Aix, et je voulais visiter en détail les thermes romains et les bains modernes.

La ville d’Aix remonte à la plus haute antiquité. Ses habitans, connus sous le nom d’Aquenses, étaient sous la protection immédiate du proconsul Domitius, comme le prouve le premier nom que portèrent les eaux : Aquæ Domitianæ ; elles furent sous Auguste le rendez-vous des riches malades de Rome.

Après avoir été brûlée quatre fois, la première au troisième siècle, la deuxième et troisième fois au treizième, enfin la dernière fois au dix-septième ; après être passée en l’an 1000, le 5 des ides de mai, de la possession de Rodolphe, roi de la Bourgogne transjuranne, en celle de Berold de Saxe ; après avoir été long-temps un objet de contestation et une cause de guerre entre les maisons des ducs de Savoie et des comtes de Genève, Aix demeura enfin, par un traité conclu en 1293, sous la domination des premiers.

Les différentes révolutions survenues depuis le passage des barbares, auxquels il faut attribuer la première destruction des thermes romains, jusqu’au dernier incendie de 1630, avaient fait oublier la vertu médicale des bains d’Aix. D’ailleurs les eaux pluviales, en descendant des montagnes qui environnent la ville, et en entraînant avec elles des portions de terre végétale et des fragmens de roche, avaient peu à peu recouvert d’une couche de sable de huit ou dix pieds les anciennes constructions romaines. Ce ne fut qu’au commencement du xviie siècle, qu’un docteur d’une petite ville du Dauphiné, nommé Cabias, remarqua les sources thermales auxquelles les habitans ne faisaient aucune attention. Les expériences chimiques qu’il fit sur elles, tout incomplètes qu’elles étaient, lui découvrirent le secret de leur efficacité pour certaines maladies ; de retour chez lui, il en conseilla l’usage dès que l’occasion s’en présenta, et accompagna lui-même, pour en faire l’application, les premiers malades riches qui voulurent se soumettre à ce traitement. Leur guérison donna lieu à la publication d’une petite brochure, intitulée : Des cures merveilleuses, et propriétés des eaux d’Aix ;