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clause fut ratifiée par un serment solennel, sur les reliques de trois saints vénérés, Hilaire, Martin et Polyeucte, dont l’inimitié, dans ce monde et dans l’autre, fut appelée sur la tête de celui qui manquerait à sa parole[1]. De même que Paris, les villes de Senlis et de Marseille furent divisées, mais, en deux parts seulement, la première entre Hilperik et Sighebert, la seconde entre Sighebert et Gonthramn. Des autres villes, on forma trois lots, probablement d’après le calcul des impôts qu’on y percevait, et sans aucun égard à leur position respective. La confusion géographique devint encore plus grande, les enclaves se multiplièrent, les royaumes furent, pour ainsi dire, enchevêtrés l’un dans l’autre. Le roi Gonthramn obtint, par le tirage au sort, Melun, Saintes, Agen et Périgueux. Meaux, Vendôme, Avranches, Tours, Poitiers, Albi, Conserans et les villes des Basses-Pyrénées, échurent à Sighebert. Enfin, dans la part de Hilperik, se trouvaient, avec plusieurs villes que les historiens ne désignent pas, Limoges, Cahors et Bordeaux, les cités aujourd’hui détruites de Bigore et de Béarn, et les cantons des Hautes-Pyrénées.

Les Pyrénées orientales se trouvaient, à cette époque, en dehors du territoire soumis aux Franks ; elles appartenaient aux Goths d’Espagne, qui, par ce passage, communiquaient avec le territoire qu’ils possédaient en Gaule, depuis le cours de l’Aude, jusqu’au Rhône. Ainsi, le roi de Neustrie, qui n’avait pas eu jusque-là une seule ville au midi de la Loire, devint le plus proche voisin du roi des Goths, son futur beau-père. Cette situation réciproque fournit au traité de mariage une nouvelle base, et en amena presque aussitôt la conclusion. Parmi les villes que Hilperik venait d’acquérir, plusieurs confinaient à la frontière du royaume d’Athanaghild ; d’autres étaient disséminées dans l’Aquitaine, province autrefois enlevée aux Goths par les victoires de Chlodowig-le-Grand. Stipuler que ces villes, que ses ancêtres avaient perdues, seraient données pour douaire à sa fille, c’était faire un coup d’adroit politique ; et le roi des Goths n’y manqua pas. Soit défaut d’intelli-

  1. Ut quisquis sine fratris voluntate Parisius urbem ingrederetur, amitteret partem suam, essetque Polyeuctus martyr, cum Hilario atque Martino confessoribus, judex ac retributor ejus. (Gregorii Turon. hist. Francorum ecclesiast, lib. vii, pag. 295.)