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MAGIE ORIENTALE.

à cette occasion. Je n’ai pu examiner l’affaire qui se passa à Gyseh, où le manteau avait été perdu.

Fort de mes succès, je compte là-dedans les coups de bâton, j’allai chez Achmed pour le voir et obtenir de lui d’autres secrets. Mais sa porte était fermée, et j’appris dans le café voisin, où je m’arrêtai pour fumer un hargilé, une bien triste histoire. Un Turc assez considérable et fort âgé avait épousé une très jeune femme, et voulant, autant par libertinage que par dignité, remplir tous les devoirs de sa nouvelle position, s’adressa à l’Algérien, qui lui écrivit sur un petit papier, qu’il devait placer sous son oreiller, des prières conformes à la circonstance. On attribuait à la puissance magique de ce papier la mort subite du musulman ; mais d’autres détails m’apprirent un effet plus naturel. Achmed, comptant peu lui-même sur l’efficacité de ses prières, y avait joint un aphrodisiaque tellement fort, que le Turc fut trouvé le lendemain matin mort à côté de sa nouvelle épouse. Achmed, que le papier écrit dénonça à la justice, fut arrêté et eut la tête tranchée.

C’est à cette fin malheureuse que vous devez cette révélation, et je terminerai avec Sterne : I leave it to you, men of words, to swell pages about it.


Léon Delaborde.