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ment la peine de son crime. Il s’est purifié par l’expiation. Il s’est réhabilité par la torture. En traversant la honte, en épuisant l’infamie, il s’est renouvelé, il a dépouillé, lambeaux par lambeaux, tous les restes du vieil homme. Il s’est élevé jusqu’à l’auguste résignation du sage, le joueur est devenu Socrate.

Les passions ne lui sont plus qu’un enseignement lumineux dont il éclaire tous les jours le sanctuaire de sa pensée. Il a touché le port, il se repose et regarde paisiblement les vagues mugissantes qui viennent mourir à ses pieds.

Magnus est une nature infirme et boiteuse, capable d’abnégation et d’enthousiasme ; crédule, superstitieux, mais impuissant et mal habile, demandant à la prière la force et l’énergie, qui ne sont que dans la volonté. Il sent que sa destinée isolée, douloureuse, trouverait dans l’amour une consolation et une espérance. Il révère la beauté comme l’œuvre de Dieu. Il croit qu’une sainte affection, un dévoûment illimité pourrait le régénérer, lui donner courage.

Mais il entrevoit confusément que la femme, en le soumettant à ses caprices, pourrait le détourner des voies divines : il croit, et comme il se sent faible, comme il n’espère pas dompter et ramener à ses convictions le scepticisme railleur de celle qui par un regard lui a révélé toute sa puissance et tous ses doutes, il fuit devant le danger, il se retire du monde pour ne pas y périr.

Il se confie dans la solitude pour guérir les plaies de son cœur. Il creuse le marbre avec ses genoux, il appelle Dieu à son aide pour terrasser l’ennemi, pour triompher de Satan.

La solitude ne lui est pas bonne ; au lieu de raffermir et de fortifier son esprit, elle égare ses facultés en les exaltant. Son imagination malade et furieuse peuple ses nuits de fantômes menaçans. L’insomnie et le jeûne courbent son front vers la terre, et blanchissent ses cheveux. Ses tempes se creusent et son sang ne se refroidit pas, il devient fou.

Pulchérie, dont le caractère ne se dément pas un seul instant durant le cours entier du poème, signifie le bonheur des sens, le plaisir matériel élevé à sa plus haute puissance, l’énergie harmonieuse de l’organisation la plus complète et la plus capable de résister à la vie extérieure. C’est le corps sans l’âme. Son rôle est purement