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REVUE DES DEUX MONDES.

de mistriss Meg, votre mère, et son grand âge. Je connais votre activité, votre dévoûment, votre grandeur d’âme. Je vous offre un gain légitime… Vous comprenez. Je ne viens pas faire ici le grand seigneur, cela me serait difficile ; votre regard me le rappelle. Je viens vous proposer un échange, un marché qui ne peut qu’augmenter votre gloire et vous mettre à même de secourir mistriss Meg.

ALDO.

Voyons ce que c’est, monsieur ; voudriez-vous que je fisse monter une de vos jambes en flageolet, et me vendre l’autre pour en faire un porte-crayon ?

TICKLE.

Je demande de vous quelque chose d’une moindre valeur que la plus chétive de mes jambes, je vous demande un petit drame de votre façon.

ALDO.

Pour qui, monsieur ? pour le théâtre de la reine ?

TICKLE.

Pour moi, monsieur.

ALDO.

Pour vous ! et qu’en ferez-vous ? vous n’aurez jamais la force de l’emporter !

TICKLE.

J’allégerai mes poches d’une partie de l’or qui les charge, et je prendrai votre manuscrit à la place.

ALDO.

Très bien ; et puis ?

TICKLE.

Et puis l’ouvrage m’appartiendra. Je le publierai, je le ferai jouer sur le théâtre de la reine.

ALDO.

Sous quel nom, je vous prie ?

TICKLE.

Sous le nom agréable de sir John Bucentor Tickle ; c’est dans votre intérêt que j’agirai ainsi, et pour donner de la confiance au public. Si l’autorité de mon nom ne suffisait pas à nous assurer sa bienveillance, en cas de chute, nous réclamerions contre son injuste arrêt.