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RÉVOLUTION DU MEXIQUE.

dans toute sa vigueur, et portait à la présidence Guerrero, soldat de race indienne, parvenu par sa bravoure au rang de général, républicain zélé et ennemi des demi-mesures. La seconde était opposée aux proscriptions et favorisait les moyens de conciliation : son candidat à la présidence était Gomez Pedraza, ministre de la guerre et député aux cortès d’Espagne, en 1822, homme d’une éducation cultivée, et en tout l’opposé de son compétiteur. La plupart des législateurs des états chez lesquels régnait généralement un esprit de modération, donnèrent leurs suffrages à Pedraza ; mais Santa-Anna, qui ne voulait obéir aux lois qu’autant qu’elles satisfaisaient ses passions, se déclara contre cette élection. Guerrero, de son côté, marcha sur Mexico ; Pedraza fut obligé de fuir, et la chambre des représentans, dominée par la force armée, annula son élection, éleva Guerrero à la présidence, en conservant le vice-président Bustamente. Mais bientôt Guerrero, investi d’un pouvoir discrétionnaire, par suite de l’expédition des Espagnols dans le Mexique, donna de l’ombrage aux hommes de son parti, qui s’en lassèrent. Les choses changèrent tout à coup de face : Guerrero fut déposé, et quelque temps après, pris et fusillé. Pedraza fut reconnu président légitime ; mais l’adroit Bustamente, conservé dans une dignité qu’il eût été dangereux de lui ôter, fit déclarer que le bien public exigeait que Pedraza, retiré aux États-Unis, ne rentrât pas dans sa patrie pendant le temps de sa présidence.

Le vice-président Bustamente se trouva donc, aux termes de la constitution, chargé par intérim des rênes de l’état. Il s’aida de deux ministres puissans et capables, Alaman et Faccio, dont les efforts réunis tendirent ou parurent tendre à établir le centralisme dans la république. S’il faut juger des hommes par leurs actions, sans rechercher les motifs personnels qui ont pu les guider, on ne peut nier qu’Alaman et Faccio n’aient bien mérité de la patrie. Alaman surtout, comme ministre des finances, a rendu de grands services à son pays. Le trésor public était obéré, exposé à de honteuses dilapidations ; il sut y rétablir l’ordre. Dans les différens emprunts que les circonstances avaient rendus nécessaires, l’état avait émis des billets pour des sommes considérables, et ces billets, quoique acceptés par le trésor pour leur valeur nominale,