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du gouvernement était soutenue par le vice-président Bustamente, les deux ministres Alaman et Faccio, et les généraux Calderon et Teran.

Le général Bustamente favorisa toujours le centralisme ; après la chute d’Iturbide, il fut un des derniers à lutter contre le fédéralisme : contraint de céder, il parvint, à force d’intrigues, à la vice-présidence, quand Pedraza fut nommé président. Il encouragea en secret les mécontens de l’administration de ce dernier, et sut habilement se conserver dans sa dignité, quand Guerrero envahit le pouvoir ; il s’unit ensuite aux ennemis de l’usurpateur, le fit arrêter par un traître et fusiller au mépris des lois existantes. Délivré de Guerrero, il se maintint à la tête des affaires en refusant, sous le prétexte du bien public, l’entrée du Mexique à Pedraza.

Alaman et Faccio possèdent tous deux des richesses considérables, Alaman surtout, auquel on reproche de les avoir acquises par des moyens peu honorables. Ils étaient déjà les favoris du pouvoir sous les Espagnols. Si les projets politiques qu’on leur prête sont réels, ils étaient seuls capables de les faire réussir. Astucieux, réservé, Alaman semble cependant avoir des vues étendues, et Faccio a toujours suivi la même ligne politique qu’Alaman.

Calderon s’est fait connaître dans les premières révolutions du Mexique : d’abord il combattit dans les rangs des Espagnols contre les patriotes et le curé Morelos, ensuite avec Iturbide contre ces mêmes Espagnols ; à son nom se rattachent des souvenirs d’horribles cruautés. Général sans capacité, sans mérite personnel, il s’est couvert de honte en plusieurs circonstances. Toujours du parti opposé à Santa-Anna dans les troubles civils, il a toujours été battu et joué par ce dernier.

Teran était probablement le meilleur général de la république ; plein de courage et de connaissances militaires, il se distingua d’abord contre les Espagnols, mais jamais il ne brilla au premier rang, soit que son caractère fût peu entreprenant, ou que les circonstances lui eussent manqué. Il avait fait une étude profonde de l’art de la guerre, et dans une expédition qu’il commandait vers le Goazacoalco, il sauva toute son armée de la destruction en lui frayant un chemin à travers des marais impraticables : alors, comme officier de génie, il déploya des ressources infinies ; il construisit des