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de la province de Zacatecas. Le 10 août, la législature assemblée déclara que Bustamente occupait le fauteuil au mépris des lois existantes, rappela Pedraza et l’invita à rentrer en fonctions, conformément aux vœux de Santa-Anna : en même temps elle vota six mille hommes de troupes pour soutenir la cause de ce dernier, et les fonds nécessaires à l’équipement et à l’entretien de cette petite armée. De quelle importance, en effet, devait être ce changement dans la cause des révoltés ! Le commerce de Tampico, paralysé par le manque d’argent, devait reprendre son activité, lorsque la communication entre San-Luis et cette dernière ville serait rétablie ; les trésors de Zacatecas allaient suivre leurs cours naturel, et chaque jour on attendait une conducta de 2,000,000 de dollars. Les troupes, dont la paie avait été long-temps suspendue, se voyant sur le point de recevoir les arrérages de leur solde, s’animaient d’une nouvelle ardeur. À cinq lieues de la capitale, le colonel Santos, qui commandait deux mille cinq cents hommes bien armés et bien équipés, se déclarait pour Santa-Anna. Campêche, par un étrange revirement, les états de Jalisco, Durango et Sonora appuyaient solennellement son mouvement et accusaient le vice-président ; un brick de guerre appareillait de la Vera-Cruz avec deux commissaires, Zerconi, ancien membre du congrès, et le colonel Soto, chargés de supplier Pedraza, au nom de la majorité des états mexicains, de reprendre les rênes du gouvernement. Pedraza, qui comptait peu sur le succès des révoltés, avait d’abord refusé l’offre du colonel Castillo ; mais alors son rappel lui fut présenté comme un cri du peuple, et il accepta. Matamoros avait suivi l’exemple de la Vera-Cruz et de Tampico, et sa garnison avait destitué et emprisonné son commandant, le colonel Peridas. L’état de Chiapas votait en faveur de Pedraza, et Guanaxuato, hésitant à se prononcer en cette affaire, se déclarait neutre. Les provinces du sud avaient enfin répondu à la voix du vainqueur de Tampico, leurs législatures se prononçaient pour le rappel de Pedraza ; le colonel Alvarez, entraîné par l’élan général ou par ses propres intérêts, avait fait une proclamation pour augmenter les partisans de la nouvelle cause qu’il embrassait, et la forteresse de San-Diego d’Acapulco n’obéissait plus qu’au nom de Pedraza. À Mexico, les plus fermes soutiens de la cause du gouvernement