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RÉVOLUTION DU MEXIQUE.

commencèrent à trembler, quelques malheureux devinrent victimes de leurs opinions, et Rocafuerte, ce journaliste dont nous avons déjà fait connaître la courageuse conduite, était traîné et enchaîné dans les prisons de la capitale.

Tel était le nouvel aspect des choses, tandis que Santa-Anna, cantonné à Orizaba et immobile devant Faccio, attendait avec impatience l’arrivée de Pedraza. Moctezuma, de son côté, après avoir joui pendant quelque temps de ses succès, à San-Luis, allait marcher sur Mexico : c’était sous les murs de cette ville que devait s’opérer la jonction des deux corps d’armée des indépendans. Désormais, le dénoûment de ce drame paraissait facile à prévoir… Tout à-coup la scène change, Bustamente donne sa démission de vice-président, et nomme un ministère qui devait remplir les fonctions de gouvernement provisoire. Fagoaga est appelé aux relations extérieures ; Godoy, à la justice et aux affaires ecclésiastiques ; Alas, aux finances, et le général Iberie, à la guerre. Cette soudaine résolution de Bustamente doit paraître étrange ; elle est cependant le résultat d’une des plus profondes combinaisons de cet homme adroit et rusé. Il sentait qu’il ne pouvait plus soutenir la guerre avec avantage comme chef du gouvernement ; la légalité qui, jusque-là, avait fait sa force, lui devenait hostile, puisqu’à son tour il attaquait une autorité légitime ; car il paraissait certain que Pedraza ne tarderait pas à réunir les vœux de la majorité des états. Voulant, avant tout, conserver son influence de général et de citoyen puissant, il résigna donc les fonctions de vice-président et se mit à la tête des troupes opposées à Santa-Anna.

Cependant, en quittant le fauteuil, il ne se trouvait pas tout-à-fait dans la même attitude que Santa-Anna, au commencement de la révolution ; il se disait commandant en chef des forces de la république, car il tenait ses pouvoirs du congrès général qui, prorogé à cause des événemens politiques, prétendait représenter seul la souveraineté nationale : la question restait donc pendante entre Pedraza et le congrès. Le rusé Bustamente se couvrait de ce nom, mais c’était lui qui, en réalité, menait toutes les affaires. Il traça au ministère la marche à suivre : on concentra à Mexico des forces considérables, et Rincon fut nommé commandant de la gar-