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Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 3.djvu/632

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REVUE DES DEUX MONDES.

nison. Néanmoins il ne faut pas chercher ici un plan de campagne d’une haute conception et exécuté d’après une volonté unique, une intelligence supérieure et régulatrice de tous les mouvemens ; les divers chefs étaient autant de centres d’action qui opéraient presque tous indépendamment l’un de l’autre : dès qu’un corps de troupes avait été obligé de lâcher pied, un autre se présentait avec un autre général, et souvent sans relation avec le premier. Du reste, il ne s’agissait, pour Bustamente, que de gagner du temps et de maintenir son influence jusqu’à l’arrivée de Pedraza, c’est-à-dire, jusqu’au moment où, par un accord entre les divers chefs, le pays serait appelé à élire un nouveau président, et à juger en dernier ressort ce litige que les armes ne pouvaient terminer. Attaquer Santa-Anna, c’était tout risquer d’un seul coup ; il connaissait, par expérience, les ressources de ce général, il le savait alors fortement appuyé ; ce fut donc vers San-Luis, contre Moctezuma, qu’il se décida à marcher. Ses troupes, à la vérité, étaient inférieures en nombre à celles de son ennemi, car celui-ci avait neuf mille hommes sous ses drapeaux, tandis qu’il ne pouvait lui en opposer que quatre mille ; mais il comptait sur la supériorité de ses talens militaires et sur la discipline de ses régimens, l’élite de l’armée républicaine ; tandis que les six mille hommes, fournis à Moctezuma par l’état de Zacatecas, n’avaient aucune expérience de la guerre et comprenaient à peine ce que c’est que l’obéissance militaire. Le 30 août, les deux armées n’étaient plus qu’à peu de distance l’une de l’autre. Chacun des contendans lança des proclamations belliqueuses, où ils se déchaînaient l’un contre l’autre avec une fureur étrange ; on eût dit qu’un combat à outrance pourrait seul mettre fin à la lutte ; et cependant, une fois encore, avant que le canon, dernière raison des peuples et des rois, eût prononcé ses arrêts de mort, Bustamente voulut tenter une négociation : il envoya des commissaires à Moctezuma, mais cette démarche n’aboutit à rien.

Pendant les premiers jours de septembre, les deux armées manœuvrèrent en présence l’une de l’autre, à peu de distance de Queretaro ; enfin, le 18, elles en vinrent aux mains en bataille rangée, près des bourgs d’Abanda et de Huerta de Gallinas, non loin de la ville de Dolores. Après huit heures d’un combat acharné