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RÉVOLUTION DU MEXIQUE.

guère ennemis, prêtèrent serment à la constitution. Dans cette circonstance, Pedraza remercia en termes pompeux le libérateur au nom du peuple entier ; et le 28, les chefs réunis marchèrent sur Mexico. Tout à coup la nouvelle arrive que San-Luis s’est rendue à Moctezuma ; les autorités civiles et militaires de la capitale, craignant pour leurs places et même pour leur sûreté, se déclarèrent pour l’armée, et le changement se fit si tranquillement, qu’on ne le sut dans la ville que par les annonces officielles. Enfin, le 2 janvier, anniversaire de l’entrée de Santa-Anna à la Vera-Cruz, un corps de dix mille hommes entra à Mexico. Le lendemain, Pedraza fit son entrée ; il fut reçu solennellement dans la cathédrale où l’on chanta un Te Deum. Les négocians étrangers, auxquels ce nouveau gouvernement promettait de grands avantages, offrirent 300,000 dollars pour le mettre en état de subvenir à ses premiers besoins. Enfin, le 14 janvier, les chambres sanctionnèrent le traité.

Le pays sera long-temps en proie aux factions militaires. Une armée, dont les cadres ne renferment que vingt mille hommes, qui compte plus de quatre-vingts généraux, et absorbe chaque année l’immense somme d’environ 15 millions de dollars (75 millions de francs), doit détruire tout élément de prospérité publique ; car elle n’a plus d’ennemis extérieurs à combattre. Quelque énervés et incapables que soient les officiers-généraux, qui pourra détruire leur pouvoir ? Chaque chef leur doit son influence. Il est difficile de dire combien durera cette paix ; sa durée probable est au plus de deux ans.

Santa-Anna a été élu président à la majorité de treize voix sur vingt.


Un Officier de marine.

Depuis que le récit qui précède, a été rédigé, une nouvelle tentative a éclaté au Mexique, organisée par le parti aristocratique, c’est-à-dire par les Espagnols et le clergé, auxquels se réunirent les mécontens de l’armée dont l’ambition n’avait pas été satisfaite, et cette foule d’hommes sans aveu qui abondent dans le pays. Par une combinaison assez profonde, ce parti, afin de préparer les voies au pouvoir absolu, jeta les yeux sur Santa-