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REVUE DES DEUX MONDES.

peut-être de ma vie ; dès ce soir je romps avec eux, et je me retranche derrière la loi ; je redeviens citoyen paisible ! C’est chez le préteur que je leur donne rendez-vous : dans ce grand naufrage je ne périrai pas corps et biens. (Montrant la table.) Ainsi, tous ces apprêts sont inutiles.

VERCINGETORIX.

Tous ces apprêts te sauvent ; tu t’es trop avancé, maître, pour reculer. Que peut la justice contre ceux qui n’ont rien que leur poignard ? Écoute-moi : ta créance est hypothéquée sur leur misère et leur ambition ; cette hypothèque est sûre, ne la détruis pas d’un mot, d’une révélation qui ne te vaudrait que les stériles actions de grâces du sénat.

BESTIA.

Que faire pour sortir de cet abîme ?

VERCINGETORIX.

Conspirer.


Scène IV.


Les mêmes, CURIUS, FULVIE.
CURIUS à Bestia.

Toujours le premier, tu le vois, le plus exact.

BESTIA.

Oui, le plus affamé.

CURIUS.

Pour te faire honneur.

BESTIA.

Ton appétit est trop flatteur.

CURIUS.

Boudes-tu contre nos ventres ? Vercingetorix t’a donc mis à la diète ? Allons, pour ce souper encore, porte-toi bien, (lui présentant Fulvie) et sois gracieux.

FULVIE.

Ne demandons pas l’impossible.

BESTIA, à part.

Il ne manquait plus que d’amener des femmes ici ! Et quelles femmes encore !