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Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 3.djvu/655

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UNE CONJURATION D’AUTREFOIS.

peine contre la brigue ? C’est un coup direct, n’est-ce pas ? Demain au sénat, tu seras accusé.

CATILINA.

Demain y aura-t-il un sénat ?

CÉSAR.

Le sénat a pris ses mesures, peut-être même se réjouit-il de n’avoir à étouffer qu’un complot, lorsque avec plus de patience vous l’écrasiez par la guerre civile. Vous n’avez point d’armée, vos forces sont ici, les amis absens ne comptent pas. Croyez-vous que Crassus avec ses millions ne soit pas le premier intéressé à vous trahir ? On dit même qu’il a livré un plan de la conjuration et une liste des conjurés. Ce que je dis, je le tiens de la sœur de Caton, de Servilie même, qui m’a prévenu de tout, dans la crainte que je ne fusse du complot.

CATILINA.

Nous avons ce qui manque à Crassus, comme à toi, le courage.

CÉSAR.

Le courage ne sert qu’à mourir, c’est le dernier mot d’un ami. Puissé-je n’avoir point à vous servir comme sénateur. Adieu, plus rien de commun entre nous, pas même le souvenir.

(Ramenant Catilina sur le devant de la scène.)

Tu finiras par faire de Cicéron un homme politique.

(Revenant sur ses pas.)

J’oubliais mon flacon. (Il sort.)


Scène IX.


Les Mêmes, excepté César.
FULVIE.

Comment ! César n’est pas de la conspiration ? il me plaît, c’est dommage.

CURIUS.

Tant mieux, une part de plus pour ceux qui restent.

FULVIE, à part.

Tant pis ! je n’en veux plus être, moi.

CATILINA.

Un de moins, qu’importe ? (Montrant Fulvie.) D’ailleurs n’est-il pas remplacé ?