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REVUE DES DEUX MONDES.

qu’elle veut parler. Elle a, dit-elle, un secret important à communiquer.

CICÉRON.

Encore des révélations sans preuves… Il faut tout entendre.

(Il fait signe à l’esclave, Fulvie entre.)

Scène III.


CICÉRON.

Est-ce bien toi, Fulvie ? quel désordre dans tes vêtemens ! quelle tristesse sur ton visage ! le coq n’a pas encore chanté, et déjà tu viens frapper à ma porte ; un solliciteur n’est pas plus matinal : est-ce que les censeurs auraient fermé ta maison ?

FULVIE.

Tu es trop mon ami, et je ne suis point ingrate.

CICÉRON.

Alors tu me fais peur.

FULVIE.

Ne ris pas, tu vas pâlir.

CICÉRON.

Décidément c’est une épidémie. Toi, la Vénus folle et rieuse de Rome…

FULVIE.

Et non pas Cérès la discrète, car j’ai deux secrets à te dire, j’ai droit à double récompense.

CICÉRON.

Par le temps qui court, un secret n’est pas cher ; l’amant qui te l’a donné t’a payé en mauvaise monnaie : je ne m’étonne plus que ta nuit ait été si courte.

FULVIE.

Si le temps se mesure par ce que l’on voit, par ce que l’on entend, la nuit a été bien longue.

CICÉRON.

Où l’as-tu donc passée ?

FULVIE.

Chez Bestia.

CICÉRON.

Je conçois qu’elle t’ait paru longue