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UNE CONJURATION D’AUTREFOIS.

CICÉRON.

Ai-je mérité cette perfidie !

PREMIER ALLOBROGE, à part.

Décidément nous avons parlé trop tôt. (Haut.) Dis-nous, consul, que pouvons-nous attendre de Rome ?

CICÉRON.

L’ingrate ! la perfide !

PREMIER ALLOBROGE.

Que vous a-t-elte donc fait ?

CICÉRON.

Je vous rends grâces ; partez, partez, on parlera pour vous.

DEUXIÈME ALLOBROGE.

Comment, c’est là ce fameux orateur ! Que dit-il donc ?

CICÉRON.

Allez, et pas un mot sur ce que je vous ai dit.

PREMIER ALLOBROGE.

Pauvre Rome ! son consul est malade.

(Ils se retirent.)

Scène VI.


CICÉRON, un Esclave.
L’ESCLAVE.

Deux fois Terentia s’est présentée pour entrer ici ; car elle m’a demandé deux fois si tu étais sorti. Et voilà qu’elle revient encore avec une autre femme.

CICÉRON, à part.

Qu’a-t-elle à faire ici pendant mon absence ?… (à l’esclave.) Chut… Je suis sorti… qu’elle entre… Éloigne-toi.

(L’esclave s’incline et sort.)
CICÉRON, seul. (Fausse sortie. Il se cache derrière un rideau.)

Avec une autre femme ! Ce n’était pas assez de mes sollicitudes consulaires. Grave espion au-dehors, il faut que je sois ridicule espion au-dedans. L’adultère, la tête haute, laissant traîner son manteau patricien, vient s’asseoir à mon foyer, et il faut que je l’attende humblement, que je prête l’oreille, que je cherche à surprendre, à travers le bruit de baisers impurs, quelque indiscrétion politique, et cela, pour toi, Rome !