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Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 3.djvu/668

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REVUE DES DEUX MONDES.

CICÉRON.

Ne perdons pas de temps, l’heure d’aller au sénat avance ; que ce vêtement de fer me gêne !… Quand ils verront au sénat que Tullius a pris la cuirasse, ils comprendront bien que Catilina a pris le poignard.


Scène XI.

Intérieur du sénat.


Groupe de Sénateurs, FABIUS SANGA, questeur.
FABIUS SANGA.

Pères conscripts, les Allobroges, mes cliens, attendent toujours votre décision relativement à leurs dettes.

CATON.

Il s’agit bien de pareilles misères. Rome et l’Italie avant tout. L’on m’écrit, de Fesules, que Manlius tient la campagne à la tête d’une multitude armée. Les esclaves remuent à Capoue et en Apulie. Ici, ce n’est que trouble et confusion par toute la ville. On entend de près et de loin gronder l’orage. Chacun craint pour sa tête : les hommes sont pâles comme à l’approche d’Annibal ; les femmes, répandues dans les temples, demandent aux dieux d’éloigner des maux qu’elles ne connaissent pas : la peur est aujourd’hui la seule divinité de Rome. On va, on vient, on se heurte dans l’ombre, on ne distingue ni amis ni ennemis, on ne sait à qui se fier, à quoi s’en tenir ; état affreux qui n’est ni la paix, ni la guerre.

PUBLIUS.

Et moi, grand prêtre de Jupiter, que vous dirai-je ? les spectres désertent les tombeaux, les statues tremblent sur leurs piédestaux. Phébé s’est levée hier toute sanglante, et les poulets sacrés refusent toute nourriture. Malheur à nous !

CATON.

Et que fait Tullius maintenant ?

MARCIUS.

Je ne l’attendrai pas pour vous lire une lettre du conjuré Manlius, plus franche et plus claire que tout ce qu’on peut dire… (Il lit.) « Les dieux et les hommes nous sont témoins que nous n’avons pas pris les armes contre la patrie, ni pour attenter à la vie des autres, mais pour défendre la nôtre.