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UNE CONJURATION D’AUTREFOIS.

VERCINGETORIX.

Dix minutes de souffrance.

BESTIA.

C’est trop, et puis moi je crains le chaud. Et s’étrangler ? mais non… il faudrait trouver un moyen d’en finir sans souffrir, et sans se déformer ; je voudrais mourir sans m’en douter.

VERCINGETORIX.

Comment ?

BESTIA.

Cela te regarde, médecin, ah ! j’y suis ; le poison ! nous n’y avions pas pensé ; au poison, vive le poison ! c’est notre affaire ; il y en a qui sont doux, forts, lents, terribles ; il y en a pour tous les goûts, n’est-ce pas ?

VERCINGETORIX, à part.

Le vieillard perd la tête, endormons sa folie.

BESTIA.

Moi, j’en veux un doux d’abord ; tu prendras, toi, celui que tu voudras.

VERCINGETORIX, à part.

Vite une dose de pavots !

BESTIA.

Eh bien ! tu restes là, cherche donc dans ta science.

VERCINGETORIX.

Tu l’ordonnes, je vais t’obéir, j’ai là ce qu’il te faut. (Il sort.)

BESTIA, seul.

Les consuls peuvent venir quand ils voudront, je n’ai plus rien à craindre, je n’aurai pas été le moins courageux des conjurés, et demain l’on parlera de ma mort dans Rome.


Scène VII.


BESTIA, VERCINGETORIX, rentrant un flacon à la main.
VERCINGETORIX, présentant le flacon à Bestia.

Voilà.

BESTIA, avec répugnance.

Non, je voudrais boire dans ma belle coupe d’or.

VERCINGETORIX.

Tu ne sais donc pas qu’hier Curius l’a donnée à Fulvie.