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UNE CONJURATION D’AUTREFOIS.

VERCINGETORIX, montrant Bestia couché.

Voilà ce qui en reste.

CÉSAR.

Et les autres ?

VERCINGETORIX

Ils sont déjà loin.

CÉSAR.

Rendons grâce aux dieux, car les consuls sont bien près, ils ne trouveront que Bestia, et celui-ci ne compte pas.

VERCINGETORIX

Ou plutôt il ne compte plus. Tel que tu le vois, il se croit mort.

CÉSAR.

Comment, mort !

VERCINGETORIX

Oui, il m’a demandé la mort et je lui ai donné le sommeil ; tu l’entends.

CÉSAR, s’approchant de Bestia.

Bestia ! Bestia !

BESTIA, se soulevant.

Qui m’appelle ? je suis mort.

CÉSAR, le secouant.

Bestia !

BESTIA, se levant tout-à-fait.

Tiens, toi aussi, César, te voilà mort. Tiens, voilà aussi l’ombre de Vercingetorix : tu ne m’as pas manqué de parole ; c’est bien. Le souper est-il prêt ? je t’invite, César ; as-tu amené l’ombre de Fulvie ?

CÉSAR.

Réveille-toi, vieux fou ! les consuls vont venir.

BESTIA, se frappant sur le ventre.

Je ne crains rien, je ne suis plus qu’une ombre, me voilà dans le séjour des justes. Vercingetorix, le souper ; car je retrouve ici-bas tout ce que j’aimais sur la terre. Il n’y a vraiment que le nom de changé ; c’est, à peu de chose près, comme là-haut. Je suis l’ombre d’un maître ; toi, tu es l’ombre d’un esclave, et ceci est l’ombre d’un souper.

CÉSAR.

Sortiras-tu de ce cauchemar ? (Il le secoue violemment.)