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DU
POLYTHÉISME ROMAIN,
OUVRAGE POSTUME


DE BENJAMIN CONSTANT.[1]

Que la vie de Benjamin Constant fut traversée par des conjonctures contradictoires et puissantes ! Quand il eut achevé son éducation, tant en Angleterre qu’en Allemagne, il commença sa carrière politique au sein de la république française ; le consulat le fit tribun ; un instant il crut qu’en défendant la liberté par sa parole et sa plume, il la pourrait sauver : mais l’empire fit du tribun un exilé. Il erra en Allemagne ; il revint à Paris en 1814 : un instant il crut que la liberté pouvait grandir à côté de l’ancienne royauté, quand Napoléon reparut. Il se laissa gagner à la cause du malheur et du génie ; un instant il crut que la liberté ne pouvait plus être étouffée par l’aigle, même au sortir de la victoire, quand Waterloo éclata. Benjamin Constant sentit alors que la vie ne serait pour lui qu’un combat perpétuel ; il accepta sa destinée ; il écrivit, il parla

  1. Chez Béchet aîné, 2 vol. Paris, 1833.