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HOMMES D’ÉTAT DE LA FRANCE.

Dans la discussion de la loi qui avait pour but l’autorisation par simple ordonnance des couvens de religieuses, et qui accordait à ces communautés le droit de recevoir des donations, M. Villèle justifia ainsi son projet : « En vain voudrait-on s’en tenir à l’ancienne législation, qui défendait toute libéralité de la part des religieux au profit des communautés où ils entraient ; les circonstances ne sont plus les mêmes aujourd’hui : les communautés, loin qu’on puisse craindre l’excès de leurs richesses, ont besoin qu’on les prémunisse contre le dénuement absolu qui les menace. La loi que nous vous apportons est une loi de franchise et de loyauté, proposée dans l’intérêt de l’éducation des pauvres et du soulagement des malades. »

Ainsi, cette candide et bénigne restauration ne produisait que des lois de franchise et de loyauté, de réparation et de tendresse, de justice et d’amour, régime vraiment primitif et paternel, qui réalisait la comparaison de la société et d’un troupeau de brebis, dont M. Villèle et ses collègues étaient les innocens bergers. Sans les acrimonieuses attaques de l’opposition libérale, qui renversa ce ministère, avant peu le Lignon eût coulé à la Bourse !

En présentant la loi du sacrilège à la chambre des pairs, le garde-des-sceaux n’avait pas manqué d’une certaine franchise, car il avait dit que la loi n’était pas de nécessité ; mais M. de Labourdonnaye et M. de Bonald prononcèrent des paroles fanatiques et terribles. Le premier voulait, disait-il, venger la Divinité en tuant le déicide ; l’autre était allé plus loin. Selon lui, la mort du sacrilège n’était qu’un simple renvoi du coupable devant son juge naturel. Il se trouve pourtant des gens qui vantent ces hommes et ce régime !

Selon d’autres, la loi du sacrilège était une haute leçon de piété qu’on voulait donner aux peuples. Il est impossible de se faire aujourd’hui une idée de cette discussion, tant elle est déjà loin de nous ; on est tenté de fermer le Moniteur, et de l’accuser de mensonge, en lisant les discours de M. Duplessis de Grénedan et de quelques autres députés qui venaient, au sortir de la séance, prendre place à la table somptueuse et élégante du palais Rivoli ou de la chancellerie, et fournir avec aisance leur part d’une conversation douce et spirituelle, après avoir demandé le matin, d’une