Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 4.djvu/163

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
159
MÉTELLA.

En quittant Olivier, lady Mowbray, inquiète de sa nièce, se rendit à sa chambre, et, avant d’entrer, elle y jeta un coup d’œil par la porte entr’ouverte. Sarah écrivait. Au léger bruit que fit Métella, elle tressaillit et cacha précipitamment son papier, jeta sa plume et saisit un livre ; mais elle n’avait pas eu le temps de l’ouvrir que lady Mowbray était auprès d’elle. — Vous écriviez, Sarah ? lui dit-elle d’un ton grave et doux cependant.

— Non, ma tante, répondit Sarah dans un trouble inexprimable.

— Ma chère fille, est-il possible que vous me fassiez un mensonge !

Sarah baissa la tête et resta toute tremblante.

— Qu’est-ce que vous écriviez, Sarah ? continua lady Mowbray avec un calme désespérant.

— J’écrivais… une lettre, répondit Sarah au comble de l’angoisse.

— À qui, ma chère ? continua Métella.

— À Fanny Hurst, mon amie de couvent.

— Cela n’a rien de répréhensible, ma chère ; pourquoi donc vous cachiez-vous de moi ?

— Je ne me cachais pas, ma tante, répondit Sarah en essayant de reprendre courage. Mais sa confusion n’échappa point au regard sévère de lady Mowbray.

— Sarah, lui dit-elle, je n’ai jamais surveillé votre correspondance. J’avais une telle confiance en vous, que j’aurais cru vous outrager en vous demandant à voir vos lettres. Mais si j’avais pensé qu’il pût exister un secret entre vous et moi, j’aurais regardé comme un devoir de vous en demander l’aveu. Aujourd’hui, je vois que vous en avez un, et je vous le demande.

— Ô ma tante ! s’écria Sarah éperdue.

— Sarah, si vous me refusiez, dit Métella avec beaucoup de douceur et en même temps de fermeté, je croirais que vous avez dans le cœur quelque sentiment coupable, et je n’insisterais pas, car rien n’est plus opposé à mon caractère que la violence. Mais je sortirais de votre chambre le cœur navré, car je me dirais que vous ne méritez plus mon estime et mon affection.

— Ô ma chère tante, ma mère ! ne dites pas cela, s’écria miss Mowbray en se jetant tout en larmes aux pieds de Métella.