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VERS INÉDITS D’ANDRÉ CHÉNIER.

L’autour et l’oiseleur, ennemis de nos jours,
De ce réduit, peut-être, ignorent les détours.
Viens. ...............
..................
L’autre a dit à sa sœur : — Ma sœur, une fontaine
..................
Le voyageur, passant en ses fraîches campagnes,
Dit : Oh ! les beaux oiseaux ! oh ! les belles compagnes !
Il s’arrêta long-temps à contempler leurs jeux.
Puis, reprenant sa route et les suivant des yeux,
Dit : Baisez, baisez-vous, colombes innocentes,
Vos cœurs sont doux et purs, et vos voix caressantes ;
Sous votre aimable tête, un cou blanc, délicat,
Se plie, et de la neige effacerait l’éclat.


vi.


At mihi contingat Veneris, etc.
Ovide, liv. ii. —


Oh ! puisse le ciseau qui doit trancher mes jours,
Sur le seuil d’une belle en arrêter le cours !
Qu’au milieu des langueurs, au milieu des délices,
Achevant de Vénus les plus doux sacrifices,
Mon ame, sans efforts, sans douleurs, sans combats,
Se dégage, et s’envole et ne le sente pas !
Qu’attiré sur ma tombe où la pierre luisante
Offrira de ma fin l’image séduisante,
Le voyageur ému, dise avec un soupir :
Ainsi puissé-je vivre, et puissé-je mourir !


vii.

La nymphe l’aperçoit et l’arrête et soupire.
Vers un banc de gazon, tremblante elle l’attire ;
Elle s’assied. Il vient timide avec candeur,
Ému d’un peu d’orgueil, de joie et de pudeur.
Les deux mains de la nymphe errent à l’aventure.
L’une, de son front blanc, va de sa chevelure