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Perse était le vassal du grand Khan de Tartarie, empereur de la Chine.

C’est le moment de la plus grande poussée vers l’ouest ; c’est une dernière irruption des peuples du centre de l’Asie dans le nord de l’Europe, qui montra comment s’étaient faites les premières. Ce fut le dernier acte de la grande tragédie des invasions barbares.

Bientôt l’empire fut divisé entre les descendans de Gengis-Khan, et la Chine fut par là ramenée à des limites comparativement très restreintes, sous la dynastie suivante, celle des Ming. Par un hasard singulier, c’est précisément sous cette dynastie que la Chine a commencé d’être connue et fréquentée des voyageurs européens : de là les idées fausses qu’on s’est formées sur son étendue à l’ouest dans les époques antérieures. Du reste, ces anciennes limites si habilement retrouvées par M. Rémusat ont été atteintes de nouveau par la dynastie actuelle, celle des Mantchoux. Aujourd’hui elles enclavent des sources qui vont se verser dans la mer Caspienne. Une ligne de postes militaires et de fortifications traverse toute l’étendue de l’empire, depuis l’extrémité orientale de l’Asie jusqu’au-delà de Kashgar, situé à moitié route environ entre Peking et Vienne.

À l’histoire des variations qu’a subies de siècle en siècle l’étendue de l’empire chinois, se rattache celle des communications religieuses et commerciales de la Chine avec les contrées plus occidentales de l’Asie, entre autres avec la ville de Kothan, dans la petite Bucharie. Cette ville n’était guère connue que par les allusions des poètes arabes, à propos du musc qu’on tire de son territoire, et qui joue un si grand rôle dans les lieux communs érotiques de ces poètes. M. Rémusat a détaché l’histoire de la ville de Kothan d’une vaste collection où l’on a réuni tous les faits relatifs aux nations étrangères et aux rapports qu’ont eus les Chinois avec elles sous les différentes dynasties. Il se proposait d’en faire autant pour plusieurs autres parties de la même collection. Quant à Kothan dont l’importance est principalement d’avoir été la métropole du bouddhisme dans la Tartarie, nous y reviendrons lorsque nous esquisserons l’histoire de cette religion.

À l’occasion des langues tartares, j’ai déjà parlé des efforts qu’a