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Macdonald, qui avait déjà paru, le premier ouvrage publié par Hogg fut son poème de Willie Katie, pastorale simple, un peu rude, grossièrement naïve, et qui promettait mieux.

L’auteur entra en relation avec Walter Scott, et le succès de ses premiers essais ayant augmenté sa confiance en lui-même, il écrivit une série de ballades qui fut publiée par souscription sous le titre du Barde de la montagne (the Mountain Bard). Quelques-unes de ses ballades sont très remarquables ; celle que l’on connaît sous le nom de Gilmanscleuh est pleine de grâce et de simplicité, et le conte étrange de Willie Wilkin peut être mis presque au même rang que la Glenfinlas de Scott. La description des spectres est un chef-d’œuvre d’originalité. Le héros de ce conte s’aventure à courir à minuit après des sorciers et des génies malfaisans qui habitent une vieille église. Sa mère, bonne femme, bien dévote, le suit, et se trouve tout étonnée de voir le cheval de son fils lui apparaître comme un petit poulain, au milieu d’une troupe de chevaux gigantesques. Elle s’approche d’eux pour les caresser et reconnaît que ce sont des spectres. Il est vrai de dire qu’il ne se trouve pas, dans le recueil dont nous parlons, beaucoup de ballades égales à celle-ci, et quelques-unes sont singulièrement défigurées par la grossièreté du style.

Hogg gagna de l’argent, se fit des amis, et crut pouvoir prendre à son compte l’administration d’une ferme. Mais l’étoile de Burns brillait sur son front. Il échoua dans son entreprise ; et lorsque ensuite il voulut redevenir berger, personne n’osa se confier à un homme atteint de cette incurable maladie poétique. Que faire donc ? Il s’enveloppa de son plaid, prit son bâton à la main, et partit hardiment pour Édimbourg, résolu de vivre en poète, et de pourvoir, par ce moyen, à son existence, sauf à trouver ensuite quelque chose de mieux. Il rencontra d’abord grand nombre d’obstacles, bien que Scott et Wilson[1] se montrèrent pour lui pleins de bonnes dispositions. Enfin, il essaya de fonder un nouveau journal sous le titre de l’Espion. Mais cette ressource ne fut pas de longue durée ; les puristes se révoltèrent contre quelques expressions rustiques et véhémentes qui se trouvaient dans le journal, et il tomba. Pendant ce

  1. Nous avons déjà plusieurs fois cité, dans ces notes, le nom de cet homme remarquable. Wilson, comme poète, se rapproche de Southey. Il a l’imagination féconde, facile, animée, ardente et pieuse. Depuis qu’il est rédacteur en chef de Blackwood’s Magazine, sa renommée poétique s’est affaiblie ; on ne l’a plus considéré que comme le distributeur des graces et des châtimens littéraires, comme le haut justicier de l’Écosse intellectuelle. Sa prose est vigoureuse, pittoresque et originale.