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DE LA CHINE.

cents lieues de l’Inde, du pays arrosé par les fleuves sacrés, et hors duquel, selon les Brahmanes, il n’est point de salut.

Ceux-ci commencèrent par tolérer la secte nouvelle qui s’était détachée de leur religion, et se bornèrent, pendant plusieurs siècles, à la condamner comme hérétique ; sitôt qu’ils commencèrent à la redouter, ils la persécutèrent. Le bouddhisme alors chercha un refuge au midi, dans l’île de Ceylan. Cette île, déjà célèbre dans les traditions brahmaniques, théâtre des aventures qui remplissent une partie du Ramayana, et d’où Rama enleva sa femme Sita, par le secours de son ami, le roi des Singes ; Ceylan devint le sanctuaire de la religion rivale.

MM. E. Burnouf et Lassen qui, dans leur essai sur le pali, ont su rattacher à leurs découvertes philologiques des éclaircissemens importans pour l’histoire des religions, ont démontré que, du sixième siècle avant notre ère, datait la transplantation du bouddhisme à Ceylan ; ils ont fort bien établi qu’il a passé de là (en 543 avant Jésus-Christ) dans l’Inde ultérieure, chez les Birmans, dans le Pégu, à Siam, en même temps qu’il pénétrait aussi à Java.

Ainsi la religion persécutée allait s’étendant au sud et à l’orient de son berceau ; elle ne tarda pas à se répandre dans un pays immense où elle est devenue la foi du plus grand nombre, et où son histoire rentre plus particulièrement dans le sujet de cette notice ; elle s’établit à la Chine.

Près de quatre siècles avant Jésus-Christ (390), quelques livres bouddhistes y avaient déjà pénétré, et avaient été traduits en chinois, mais ce ne fut qu’environ neuf cents ans après, à la fin du cinquième siècle de notre ère, que le vingt-huitième patriarche bouddhiste, nommé Bodhi-Dharma, transporta de l’Inde avec lui le centre de la religion dont il était le chef, dans l’empire du milieu.

Les Chinois lui donnent le nom de Ta-Mo, et à cause de ce nom il a été confondu, tantôt avec saint Thomas, tantôt avec un certain Thomas, disciple de Manès ; mais la date de sa mort (491 ans après Jésus-Christ), avérée par le témoignage irrécusable de l’histoire chinoise contemporaine, met au néant ces suppositions erronées. Cette époque coïncide d’une manière remarquable avec la grande persécution du bouddhisme dans l’Inde. Ce fut alors en effet que