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richesse brillante d’expressions, une sensibilité vive, une conception peu commune de la beauté physique et morale. Il se plaît à mêler à son style quelques tournures familières, qui tombent de sa plume comme par hasard, et qui évoquent une foule de souvenirs et d’associations touchantes. Sa prose, qui ressemble à une causerie animée, légère et maligne, a beaucoup d’admirateurs.


Bryan Waller Proctor. — Bryan Waller Proctor a déguisé son véritable nom sous celui de Barry Cornwall[1], qui est devenu populaire. Les scènes dramatiques qu’il a publiées il y a trois ans, les poésies lyriques si variées et si exquises, qu’il a fait récemment paraître, se sont emparées de l’attention publique. Lysandre et Ione est remarquable par la douceur de la poésie et la grace de l’imagination. L’auteur a cherché surtout, dans ses fragmens dramatiques, à faire revivre la naïveté énergique de nos anciens poètes. Sa prose est simple, naturelle et pleine d’observations heureuses.


Thomas Hood. — Thomas Hood est plus connu du public comme fabricant breveté de calembours intarissables, que comme poète inspiré. Dans ses petites odes adressées à de grands personnages, il a fait une incroyable mascarade de tous les mots de la langue anglaise, et les a forcés à mille déguisemens hétéroclites. L’inspiration lui appartient cependant, comme l’a prouvé son beau poème intitulé le Rêve d’Eugène Aram. Cet ouvrage l’a classé au nombre des poètes qui possèdent le sentiment tragique, et qui savent en rendre les effets, moins par une exagération emphatique, que par de terribles et simples indications de caractères. La Muse sérieuse et grave n’a reçu que quelques hommages de Thomas Hood, qui s’est empressé de revenir à ses premières amours, à sa Muse folâtre, légère, fantasque et grotesque.


William Motherwell. — Lorsque la baguette d’Aaron se chargea tout à coup de fleurs et de feuilles, ce fut une merveille moins grande que de voir Motherwell, l’antiquaire, l’homme d’érudition et de critique, se transformer en poète original et énergique. Sa poésie lyrique est facile, ardente, moins passionnée et moins simple que celle de Burns, mais presque toujours remarquable par la vigueur et la nouveauté.


Alexandre Alaric Watts. — Il se distingue entre les poètes par la mélodie de sa versification, par la grace, et quelquefois par la verve

  1. Le genre de Barry Cornwall est élégiaque, vaporeux, fleuri, privé d’énergie et de nouveauté.