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La musique de la dernière troupe était suivie de bataillons de Romains et de Sabins. — Ils venaient là pour rappeler l’alliance célèbre de ces deux peuples et offrir un symbole de l’étroite union des provinces qui forment la vaste monarchie espagnole, ne rivalisant entre elles que dans leur dévoûment et leur fidélité au grand Ferdinand, à la bienfaisante Christine et à leur royal rejeton. — Cela manifestait bien que, si une Isabelle de glorieuse mémoire avait réuni sous un seul sceptre les royaumes de Castille et d’Aragon, — une autre Isabelle, bien digne de son aïeule, resserrait déjà ces fortunés liens, même avant d’avoir ceint le diadème.

Les anciens Espagnols et les Américains qui arrivaient ensuite, et dont on avait fait double emploi, puisqu’ils avaient servi déjà pour la course royale, démontraient clairement que les rayons du jeune astre qui se levait sur le trône, ne se borneraient pas à éclairer un seul hémisphère ; — en d’autres termes, — que la princesse serait reine des Indes, aussi bien que des Espagnes, — attendu que le soleil des descendans de Charles-Quint luit incontestablement pour le monde entier, et ne se couche jamais dans leurs états.

Les Romains et les Sabins tenaient des encensoirs, des vases propres aux libations, et des bâtons à l’extrémité desquels il y avait des cigognes, — afin de témoigner ainsi la reconnaissance dont ils adressaient l’hommage au ciel qui avait comblé les vœux de la monarchie. — Les Américains et les anciens Espagnols portaient les marbres, les médailles et les parchemins qui devaient transmettre aux générations les plus reculées le célèbre nom d’Isabelle, sa grandeur et ses actions éclatantes.

À la suite d’une quantité de nymphes et de génies qui s’enlaçaient amoureusement en des danses voluptueuses, venait enfin lentement, attelé de huit chevaux empanachés, le troisième char, le plus magnifique, tout d’acajou et de dorures. — Ce char, qui, à son élévation et à sa construction, semblait une maison entière, était habité à son premier étage par quatre matrones, supposées être les Vertus cardinales. — Sur sa terrasse, était assise, dans un fauteuil, la Concorde, ayant à ses genoux deux lions tenant chacun un globe sous la patte. À sa droite et à sa gauche étaient des urnes